Histoire du bâtiment

Lors de sa création, le tribunal s'est installé dans une maison bourgeoise située 34, Boulevard Jules Verne à Amiens, propriété du département de la Somme qui a fait l'objet de travaux d'agrandissement en 1981. Ces locaux sont ensuite devenus trop exigus en raison de l'accroissement considérable du contentieux auquel la juridiction a dû faire face (400 requêtes enregistrées en 1970, 3467 requêtes enregistrées en 2009 et 3466 affaires en instance au 31 décembre 2009) et qui a nécessité la création d'une deuxième chambre en 1990, d'une troisième en 1994, puis d'une quatrième en 2002 (mise en place effective en septembre 2006) ainsi que le doublement du nombre des agents du greffe (19).

Le Conseil d'Etat a ainsi été amené, dès 1994, à envisager le déménagement du tribunal dans de nouveaux locaux mieux adaptés aux besoins d'une juridiction moderne. Il s'est porté acquéreur d'un immeuble de caractère situé à proximité de la rue Jules Verne, au 14, rue Lemerchier, du nom d'un ancien maire d'Amiens, Charles-Gabriel Lemerchier, de 1835 à 1839. Charles-Gabriel Lemerchier est né à Péronne (80) le 13 août 1769 d'une ancienne et noble famille du Cambrésis. Lemerchier de Gonnelieu, avocat aux Parlements de Paris et de Flandres, était Bailly d'Albert. Charles Lemerchier se dirigea d'abord vers la carrière de clerc puis abandonna cette voie pour suivre la carrière médicale. Il exerça d'abord à Noyon puis s'établit à Amiens dont il devint le premier magistrat trente ans plus tard. Il mourût le 7 mai 1853.

Le tribunal est dorénavant installé dans un ancien hôtel particulier édifié en 1870, en pierres et briques apparentes dans le style Louis XIII, ayant appartenu à la famille Vagniez, riche famille industrielle amiénoise, jusqu'en 1935, date à laquelle il a été acquis par l'Etat (Ministère des postes, télégraphes et téléphones) puis transféré en 1993 à l'établissement public national La Poste. Le bâtiment principal qui comporte trois étages et un sous-sol aménagé en rez-de-jardin, est agrémenté d'une cour d'honneur pavée, de trois annexes et d'un petit parc intérieur, aménagé et boisé.

Quelques curiosités contribuent au charme du bâtiment et notamment une tourelle d'angle, accessible des bureaux situés aux 1er et 2ème étage et offrant une magnifique vue sur la ville d'Amiens et sa cathédrale gothique, et un campanile de style renaissance, qui abritait à l'origine le premier ascenseur à vérin électrique installé chez des particuliers à Amiens.

La salle d'audience a été réalisée dans une pièce du rez-de-chaussée qui servait autrefois de jardin d'hiver. Elle comporte un dôme et des ossatures en fer forgé qui ont été conservés. Ce jardin d'hiver est l'oeuvre d'Emile Ricquier, architecte du cirque municipal d'Amiens et de nombreux autres bâtiments publics de caractère. Il offre une vue panoramique sur le jardin agrémenté d'une fontaine ainsi que, dans un angle, d'une grotte artificielle.

Une pièce tout à fait étonnante de style mauresque est signée d'Emile Ricquier et de Jules Loebnitz, céramiste parisien. Elle servait à l'origine de salle d'hydrothérapie, et a été conservée en l'état et aménagée en cafétéria.

Les travaux de réhabilitation du bâtiment qui se sont achevés en 1997 se sont attachés à préserver tous les éléments architecturaux ou décoratifs les plus significatifs. Ces nouveaux locaux ont été inaugurés par Mme Guigou, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, le 26 janvier 1998.